sogue

Quand le déluge est dense, l’arche de Conakry tangue

Quand nous étions gamins, nous raffolions de ces moments où il pleuvait des cordes plusieurs jours d’affilée. C’était un régal d’être coucher sous un toit musical sous des trombes d’eau de pluie qui berçaient nos nuits tout en les rafraichissant du même coup. Et dès que la pluie s’annonçait, nous étions tous excités. Pour les enfants que nous étions, les intempéries étaient bienvenues. Papa ou maman pouvait crier, râler, rien ne pouvait nous arrêter dans l’idée de courir derrière un ballon sous la pluie. C’était le temps du bonheur, enfin pour certains d’entre nous et pas forcément pour la majorité. Depuis le jeudi dernier il pleut sur Conakry, un déluge qui s’illustre par une violence exceptionnelle et les chants que nous entonnions dans le temps : « il pleut de l’eau, plif plouf plaf ! Il pleut de l’eau ; plif plouf plaf ! » ne se font plus entendre de nos jours.

Dégâts des intempéries dans les habitations à Conakry - Pluie et inondation
Dégâts des intempéries dans les habitations à Conakry – Pluie et inondation

Amadou, Moussa, Asmao, Karim, gnamôhghô déhn, î tîh woulîh ? Al lanîh léh ? Djî déh wah albêh dîh afêh ! Traduction : vauriens, vous ne voulez pas vous réveiller, l’eau vous emportera dans votre sommeil ! s’écrie Bâ Fodé, une père de famille logé dans le bas fond de Ratoma en banlieue de Conakry. Il est inquiet devant l’ampleur de cette précipitation. Depuis quatre jours, il pleut des cordes. Pas de répit, cette satanée pluie semble avoir mis le turbo. La famille de Bâ Fodé comme beaucoup d’autres dans la capitale, est bloquée de tous côtés, les voies de ruissellement ont toutes débordé, prémices à un début d’inondation qu’il craignait.  Ba Fodé se démène comme un beau diable, il n’arrive pas à repousser toute cette eau qui ne cesse de gagner du terrain sur sa concession. Sa petite rue autrefois si paisible fait place désormais à un puissant marigot qui emporte tout sur son passage.

En plus des détritus emportés par les flots, l’inquiétude de Bâ Fodé monte d’un cran lorsqu’il voit que même des voitures parquées en bordure de route ne résistent plus à la montée des eaux. La force des vagues est irrésistible, elle les  draine comme comme des brindilles vers les profondeurs du bas-fond

Les riverains se mobilisent aussitôt et essaient de faire face à ces torrents comme ils le peuvent. Ils réquisitionnent tout ce qui peut servir : seaux, bassines, bidons, cuvettes, assiettes, même le pot à caca des gosses est requis.

La baraque montre des signes de souffrance à son tour, car il pleut toujours abondamment à un rythme qui est loin de s’essouffler. L’eau de pluie goutte de plus en plus par le toit dans son salon comme dans la chambre unique. Par les fenêtres, il passe aussi de l’eau, tout comme par le bas de la porte. On y dispose donc un banc puis suivent les contenants. Une vraie révolution tactique, il faut évoluer selon les entrées d’eau et selon la force. Voici le combat du vieux Bâ Fodé, combat que mènent tous les Guinéens qui vivent à la sueur de leur front, pas ceux qui ne transpirent jamais, depuis leur maison, leur voiture et leur bureau.

L’heure est grave, comme le déluge annoncé par Noé (Noah ou Nouhan), quatre nuits et quatre jours durant, du matin au soir, du soir à la nuit, de la nuit au matin, il pleut des chiens et des chats ! (Traduit de l’expression anglaise, it’s raining cats and dogs).

Une pluie interminable avec son chapelet de dégâts, de malheurs. Perte en vies humaines, inondations de maisons, routes envahies par des vagues hautes de plus d’un mètre, emportant tout sur leur passage. Les gamins de Conakry ne chantent plus ou pas quand il pleut. Ils ne jouent plus au foot dans les rues, car elles sont bondées d’eau, et risqueraient de se faire emporter, ou de mourir noyés.

Et pourtant, tous les ans, la même situation se présente avec les mêmes dommages collatéraux. Une sorte de routine, de rituel initiatique par laquelle tout pauvre citoyen doit passer.

Importants dégâts des eaux dans les habitations à Conakry - Pluie et inondation
Importants dégâts des eaux dans les habitations à Conakry – Pluie et inondation

Des alertes ont été lancées, mais rien n’y fît. La malédiction devait s’abattre et elle est en train de s’abattre sur nous et nous la subissons, résignés, chapelet en main, évoquant la miséricorde du Tout Miséricordieux. Punis que nous sommes par les écritures, le courroux du ciel, durera trois ou quatre mois. Juin, juillet, août et septembre. Des véhicules amphibies, il nous en faut. Des pirogues aussi, certainement. Le mieux, pour sauver le maximum de Guinéens, serait de nous délivrer l’arche de Noé.

« Fais-toi une arche en bois résineux, guinéen lambda, tu la feras en roseaux et tu l’enduiras de bitume en dedans et en dehors. Voici comment tu la feras : 450 coudées pour la longueur, cinquante coudées pour sa hauteur. Tu placeras l’entrée de l’arche sur le côté et tu feras un premier, un second et un troisième étage. Au premier, tu mettras les opposants, au second les partisans et au troisième, les sans opinion. Ceux sont les plus turbulents du fait qu’ils peuvent basculer soit à gauche, soit à droite, et du coup, l’équilibre de l’arche s’en trouvera affecté. Fais-le vite, car il y’a  plus de 1.667.854 habitants à sauver, vivant à raison de 3 706 habitants en moyenne au kilomètre carré. »

Encore qu’il faudra être capable d’y accéder, à l’arche et de s’y faire une place, sans connotation ethnique, sociale, tribale, religieuse ou politique ! Mais tant que ces fortes précipitations ne sont jamais anticipées, l’arche de Conakry tanguera et tanguera sur les flots de la saison des pluies.

Nabé


Conakry au rythme de la coupure du jeûne du ramadan

Embouteillage à Conakry à l'approche de la coupure du jeûne du ramadan
Embouteillage à Conakry à la sortie du travail

Faites un tour à Conakry ces jours-ci et vous assisterez à un spectacle inédit : le défilé des sounakhati (coupure de jeûne du ramadan en soussou et poular), ou sountêh, en malinké, un véritable money time diront certains.

Le mois de ramadan, comme vous le savez, est un mois de jeûne, de piété et de pardon, un mois saint. Tout croyant musulman en bonne santé doit se soumettre à cette exigence religieuse, qui veut que, de l’aube au soir tombant, l’on s’abstienne de manger, boire et proférer des injures ou avoir des comportements immoraux. Une sorte de trêve morale et civique, preuve qu’un consensus peut-être trouvé quand il s’agit de vivre en bonne citoyenneté.

Véritable moment de vie de famille, j’en voudrais pour preuve, les intempestifs et légendaires embouteillages, bravés sans relâche par tout le monde aux heures de sortie fixées en début d’après-midi. Des horaires qui permettent aux femmes de retrouver leurs fourneaux au plus tôt et aux hommes, de compter les dernières heures ou minutes. Bien calés dans leur fauteuil, longitudinal cure-dent au bec, chapelet aux mains, les hommes assistent impatients à la finition des préparations culinaires. Ils égrènent sans cesse leur chapelet tout en marmonnant de petites prières au passage, surtout relatives à leurs dettes, que tout s’arrange vite financièrement. Dieu, intercède en tout ! Pour les dettes envers Dieu, il pardonnera, n’est-ce pas, en plein mois d’absolution de tous nos péchés ?

Coutumes et religions arrivent parfois à faire bon ménage. De façon générale, dès l’amorce de la deuxième décade du ramadan, parfois, avant même, les unes et les autres s’affairent à une obligation qui est devenue en soi, une véritable institution, un code de conduite, auquel, il ne faut pas déroger sous peine de lourdes conséquences.

Livreur de repas à l'apporche de la coupure du jeûne - ramadan - Conakry
Femme apportant des mets pour la rupture du jeûne – Conakry

Le sounakhati ou sountêh consiste à préparer des mets que l’on enverra à des personnes ayant droit, en guise de repas de rupture offert, avec une connotation de respect, d’égard, de considération, le mot est lâché, témoigné à l’endroit du réceptionnaire ou bénéficiaire.

Ayant droit, notez-le. Tout part du mariage. Par coutume, le mois précédent le ramadan, considéré comme propice, sert de période de célébrations de mariages à gogo. Unions, qui se déroulent parfois un ou deux jours avant le début du jeûne. Grand moment de bonheur, les nouvelles épouses, en ces heures ne pensent pas du tout ou sont loin d’imaginer, que , une énième étape somme toute simple, deviendra pour elles un véritable examen de passage, d’admission ou d’intégration dans leur nouvelle famille par alliance.

Qui dit ayant droit, dit sélection. Quels sont donc les bénéficiaires ? Qui y a droit et qui ne l’a pas ?

En général, ce sont les parents immédiats et respectifs, papa et maman de l’époux, papa et maman de l’épouse. Ensuite, oncles et tantes de chaque conjoint, grands frères et grandes sœurs.

A ceux-là, s’ajoute, parfois et souvent, les grands cousins et grandes cousines, proches ou éloignés, les petits frères et petites sœurs. Bref, la famille au sens africain.

L’établissement de cette liste est un vrai moment de quitte ou double. Madame fait sa liste, monsieur fait la sienne, on couche des noms sur du papier, on en retire, on en rajoute et après moult discussions, on passe à la calculette. Puis on revoit la liste, on la peaufine et on l’adapte au budget.

Livreurs de repas à l'apporche de la coupure du jeûne - ramadan - Conakry
Livreurs de repas à l’approche de la coupure du jeûne – ramadan – Conakry

Là, sortira la liste finale, les 23 élus, heureux qu’ils sont, heureux qu’ils seront. Les oubliés, car il en existe toujours, volontairement ou pas, ne rateront aucune occasion pour manifester leur mécontentement le temps venu. A l’occasion d’un baptême ou même de la célébration de la fin du ramadan, ils vous lanceront, surtout à l’endroit de dame épouse : prouhh, (exclamation de dépit) héé, durant tout ce mois de «  carême », t’as pas pensé à m’emmener ne serait-ce qu’ une simple bouillie ? T’as raison tonton, je vais réparer cela si Dieu le veut ! Habon, si Dieu le veut, dis plutôt si ton vaurien de mari le veut, s’en suivront des rires narquois, mais le doigt a été pointé, pou appuyer là où çà fait mal.Voici donc dame épouse aux fourneaux, et monsieur aux fournaises financièrement. Elle s’active, fait preuve d’ingéniosité pour confectionner des plats, les uns plus appétissants que les autres, qui seront, si jugés succulents, donc appréciés à leur juste valeur par les bénéficiaires, un véritable coup de pouce, pour son adoption, sinon définitive, du moins, provisoire. En effet, il y a deux moments critiques, à la réception de ces « sounakhati ou sountêh ». Le premier, au découvert, après départ du livreur ou de la livreuse. Notez au passage que le livreur ou la livreuse, qui, peut-être parfois dame épouse elle-même, parcourt parfois des kilomètres pour la livraison du «  sounakhati ou sountêh ». Faut donc patienter dans les bouchons habituels et leur vacarme incessant de klaxons, braver les intempéries, en l’occurrence les pluies diluviennes actuelles, avant d’arriver à bon port.

Après donc livraison, et donc départ du livreur, le ou la bénéficiaire, en général, les femmes, vont se livrer à l’autocritique du met. Rien qu’au découvert, on jugera de la présentation d’abord. Les premiers commentaires vont donc fuser. « Si le couvert ne présente pas bien, comment ce qui est dedans peut-être bon, hum, renchérira une autre ; vous ne la connaissez pas, cette dame, c’est juste pour se débarrasser de nous. Peu importe, pour elle, elle l’a fait, c’est tout. En tous cas, moi je ne suis pas certaine de goûter au plat de cette sorcière qui a envoûté notre frère qui n’a plus d’yeux et d’oreilles que pour elle. Ouais, regardez, ce qu’elle nous a ramené, juste une maigre cuisse de poulet congelé (foté tokhuêh) ou ( poulet de Blanc). Walai, conclura une autre. Et Dieu seul sait combien mon fils ou mon frère lui a donné pour nous faire à manger !

Les commentaires, après consommation, je préfère vous les épargner, les femmes qui liront ce billet, pourront vous en parler si vous le souhaitez. Et dire que bonne dame s’est dépensée comme une belle diablesse pour faire plaisir…

Les belles filles (épouses d’autrui) en somme se font juger à cette occasion, car si pour le commun des mortels cette démarche peut paraître banale, en réalité, il n’en est rien. Bien des tensions naissent dans des foyers, parce qu’une telle ou un tel n’a pas été élevé au rang qui lui convient. Attentifs à ces petites marques d’attention, les uns et les autres se sentent déshonorés, si le « sounakhati ou sountêh » ne leur est pas parvenu. Peu importe combien cela coûtera, les sélectionnés n’en ont cure. Que vous n’en ayez pas les moyens, les oubliés n’en ont cure.

Quoi qu’il en soit, le « sounakhati ou le sountêh » doit être assuré, même si après on continuera à manger une fois par jour à la maison du donateur, sorte de prolongation ou temps additionnel du ramadan.

@mnabe_m


Conakry : quand arrive la pluie, les dégâts s’annoncent

Les bourrasques qui ont soufflé sur Conakry ces derniers jours, d’une puissance inouïe, ont provoqué des dégâts parfois tragiques.

Le quartier Donka a été particulièrement touché par les vents violents qui ont précédé la grande pluie en début de semaine, à tel point que l’on y a enregistré un nombre record de sinistres malheureusement très tragiques.

Surpris par la spontanéité et l’ampleur de la tornade, les habitants de ce quartier ont eu du mal à s’abriter. Les vieux arbres, qui pliaient déjà sous le poids de l’âge, et sérieusement éprouvés par ces intempéries, dandinaient dans tous les sens et menaçaient d’être déracinés à chaque souffle. Plusieurs grosses branches se détachaient et partaient se briser sur les routes, les toits des habitations, semant ainsi un mouvement de panique dans lequel tout le monde cherchait à sauver sa tête. C’est ainsi que le matin du mardi 16 juin, un jeune élève du lycée Donka, du nom de Moussa, qui voulait vite quitter les lieux en passant par l’ouverture d’un mûr, a été pris au piège par la chute d’un immense fromager, probablement cinquantenaire, qui le placarda sur le pan d’un mur. 

Coincé par le mastodonte et en manque de secours immédiat, le calvaire du jeune homme a été très long et intenable. Les gens sur place ont alors eu recourt à la débrouillardise avec une hache avant l’arrivée d’une tronçonneuse pour couper le tronc de l’arbre et pouvoir libérer le jeune garçon qui souffrait terriblement. Par dépit, les parents et les amis du jeunes, alertés, vont fustiger le manque d’assistance de services qualifiés. Cette colère va se traduire par un blocage de la route contigüe à l’école, empêchant du coup la circulation normale des véhicules. Un embouteillage, comme on en rencontre presque tous les jours à Conakry va s’installer et cela pendant toute la journée.

Un hashtag vite lancé sur les réseaux sociaux

La pluie qui a suivi ou précédé la tornade ont rendu impraticable les autres routes d’accès au centre-ville, occasionnant ainsi un désordre toute la journée. Des files vont naître de part et d’autre, chacun trouvant son chemin qui le mènera à Rome, au grand dam du respect de la norme en matière de circulation.

L’association des blogueurs de Guinée, Ablogui, s’est alors saisie de l’événement sur les réseaux sociaux, Facebook et Twitter, avec le hashtag #tornaideguinee pour alerter l’opinion nationale et internationale sur l’ampleur des dégâts. Quelques tweets ci-après ont ainsi été publié instantanément.

Plusieurs jours de tempête

Dimanche 14 juin déjà, aux environs de 5 heures du matin, une grosse tornade avait touché la ville. Réveillé par le bruit sourd de cette énorme force éolienne, j’avais jeté un coup d’œil dans la cour de mon domicile pour m’apercevoir que les deux arbres qui s’y trouvaient étaient malmenés. Sur le coup, j’avais marmonné quelques versets pour m’en remettre au bon Dieu. Puisse-t-il m’épargner d’éventuelles dégâts…

Dégâts causés par des vents violents à Conakry

A 6 heures 45, en route pour le foot, au rond-point d’Hamdallaye, (quartier de la banlieue de Conakry), je tombais sur la scène inimaginable du gigantesque panneau de publicité d’une société de la place, terrassé par le vent et gisant sur l’asphalte. Heureusement, aucune perte de vie humaine ni de dégâts matériels n’étaient à déplorer. Par contre, tout au long de mon parcours, je découvrais les dégâts, çà et là, des toits endommagés, des arbres déracinés, des ordures éparpillées, bref un véritable capharnaüm.

La désolation semblait bien partagée, ce jour et chacun y allait de sa mésaventure : « Nous dans notre quartier, les gens se battaient pour récupérer leurs tôles, chacun voulant garder celle qui semble encore en bonne forme ou utilisable ! ».

Elles avaient tellement volé comme des feuilles, qu’on les retrouvait à des dizaines de mètres de la maison qu’elles coiffaient. Presque tous les quartiers étaient touchés, et entre réparations et mariages de dernière heure avant le ramadan, le guinéen lambda avait l’embarras du choix. Mais quand l’embarras vous choisi, vous faites l’effort de vous en débarrasser.

Constats et mesures

La saison de pluie est connue, elle est récurrente et tout le monde sait qu’elle intervient à partir du mois de juin et dure trois mois au minimum, avec des prolongations quelques fois. Il y a trois périodes pendant la saison. La période des petites pluies, celles du début, annonciatrices. Les grandes et fortes pluies, au mois d’août, avec un pic, précisément le 11 et enfin celle des orages sporadiques vers fin août et courant septembre.

Cette dernière phase est en générale marquée par des éclairs et la foudre qui fendent le ciel avec un bruit effarant. Les dégâts sont nombreux aussi pendant cette période. Les populations s’étonnent de ce début tonitruant de la saison des  pluies à juste titre. Mais au vu des faits actuels, il faut d’ores et déjà prendre des mesures appropriées pour prévenir.  La pluie nous a fait une annonce, le message doit être bien reçu et pris en compte. Les égouts ou caniveaux d’évacuation n’existent pas partout, certains sont des tombeaux à ciel ouvert. Les maisons dans certains quartiers sont des cercueils provisoires, suspendues sur des terrains rocheux, capables de s’effondrer à tout moment. Les risques sont là, palpables, visibles, nous les côtoyons tous les jours.

Retenir de nos erreurs pour préparer l’avenir

Si rien n’est fait au plus vite, nous courons vers la catastrophe. A Coronthie (quartier du centre ville Kaloum), la route de la corniche est un jour ou l’autre engorgée d’eau de pluie. Les maisons situées tout au bord de la route ne manqueront pas d’être inondées comme d’habitude. Et comme d’habitude, les populations de ce quartier sortiront exprimer leur colère en interdisant l’usage de cet axe routier aux usagers. Profitant de l’intérêt des médias, le gouverneur s’en ira distribuer des sacs de riz et cent milles francs guinéens par famille. On se quittera en bons amis en attendant la saison prochaine. Pourtant des structures spécialisées existent ! A quoi servent telles si tous les ans nous sommes confrontés aux mêmes aléas, avec les mêmes désastres et le manque criard de solutions adéquates ?

Il est encore temps de sauver des vies. Le bonheur pour ces populations se résume à très peu. Un minimum de sécurité sociale, des accessoires de confort indispensable, comme l’eau, l’électricité, les soins primaires, l’école à proximité pour les enfants.

Travaillons dans ce sens, pour que chacun de nous puisse jouir autant que faire se peut, de ce cadeau qu’est la vie, si chère et unique.

Nabé, @mnabe_m


Conakry : « Nos jeunes ont du talent » et ça se verra

25 mai 2015, c’est à cette date anniversaire de la création de l’union africaine qu’a eu lieu le lancement du projet « Nos jeunes ont du talent » dans la salle de réception de la primature à Conakry. Initié par RTT Production et CS consulting de Claudy Siar, l’animateur vedette de l’émission Couleurs tropicales sur RFI, l’événement a enregistré la présence de plusieurs hautes personnalités guinéennes dont Domani Doré, ministre des sports, Moustapha Naité, ministre de la jeunesse et de l’emploi jeune, Damantang Camara, ministre de la formation professionnelle et de l’emploi, Amirou Conté, ministre de la culture et Gassama Diaby, ministre des droits de l’homme.

Rencontre "Nos jeunes ont du talent", Primature Guinée
Rencontre « Nos jeunes ont du talent », Primature Guinée

Présenté comme une consultation nationale qui donnerait la parole aux jeunes de tous bords, de tous les horizons et de toutes les couches sociales, du nord au sud, de l’est à l’ouest de la guinée, la tribune offerte par le « Nos jeunes ont du talent » leur permettra de mettre en exergue leurs préoccupations, leurs attentes et leurs aspirations desquelles sortiront des recommandations qui seront transmises au gouvernement dans un cahier de charge qui recommanderait un véritable programme à leur profit. Son application, du moins comme l’espérait tous les intervenants dans leurs propos, devrait permettre enfin de répondre aux préoccupations de cette couche sociale qui rêve de vivre sa jeunesse normalement.

Tout en en souhaitant bonne chance à l’initiateur, les départements cités plus haut ont de ce fait exprimé leur total adhésion au projet et ont promis d’en être le relais chacun dans leur domaine de compétence et de responsabilité.

Gassama Diaby, dans un langage qu’on lui connaît a fait étalage brièvement de ses inquiétudes, voir le droit de tout citoyen respecté et prévenir les amalgames. Il s’agit d’une consultation, que veulent les jeunes ? Qu’attendent-ils ? Que souhaitent-ils, qu’espèrent-ils ? Le tout sans coloration politique. Il ne faut pas croire qu’on va ouvrir les vannes et faire couler de l’or à flot. Il s’agit de recueillir à la source les vraies inquiétudes des jeunes et d’en faire une base de travail afin d’adapter une programme adéquat. Voilà qui est dit.

Rencontre "Nos jeunes ont du talent". Moustapha Naïté au micro de la presse
Rencontre « Nos jeunes ont du talent ». Moustapha Naïté au micro de la presse (Photo : Présidence GN)

L’initiative en elle-même semble louable et requiert un gros travail d’équipe derrière. Redonner de l’espoir aux jeunes, pourquoi pas ? Leur donner de faux espoirs comme souvent par le passé, non.

Par contre, la centaine de convives dont plusieurs dizaines de journalistes venus de partout, presse locale comme internationale, s’est démenée à suivre cet événement d’ampleur dans une infrastructure d’accueil qui laissait à désirer : la faible climatisation des lieux, la vétustés des équipements techniques de sonorisation, l’aspect défraîchi des murs, le flocage manuel des sièges avec du feutre et l’odeur forte de moisi qui émanait des moquettes, bref, un constat peu flatteur pour une institution comme la Primature qui accorde peu d’intérêt dans l’entretien de ses équipements.

Rencontre "Nos jeunes ont du talent".  Claudy Siar au micro de la presse Photo : Présidence GN
Rencontre « Nos jeunes ont du talent ». Claudy Siar au micro de la presse
Photo : Présidence GN

Le jeu de question-réponses avec l’auditoire s’est déroulé normalement, les uns et les autres s’y prêtant, le tout dans une bonne ambiance.

Prévue pour une durée de deux mois, cette consultation nationale est accueillie comme une bouée de sauvetage par une jeunesse en déperdition. Elle ouvre à nouveau un semblant d’espoir et, comme au rugby, il faudra transformer l’essai au risque de voir la montagne accoucher d’une souris au soir du 8 août, date de clôture prévue de la campagne « Nos jeunes ont du talent »

Nabé


Ecole guinéenne : le racket organisé

Il ne se passe presque pas une seule journée sans que les élèves ne soient sollicités financièrement dans les établissements scolaires publics comme privés. Dans l’école guinéenne, les parents d’élèves sont en proie à un fléau de racket généralisé qui est en passe de devenir une coutume.

Instituteur et élèves à Conakry (Mise en scène)
Instituteur et élèves à Conakry (Mise en scène)

N’Famory rentre chez lui, après trois bonnes heures d’embouteillage comme tous les jours. Ereinté par de dures journées de labeur, il a hâte de souffler avant de prendre son repas du soir concocté par sa brave femme N’Nabinty.
– Comment vas-tu Ismael ? Qu’avez-vous fait à l’école aujourd’hui ?
Ismael, les yeux brillants, commence à balbutier et se fait reprendre par sa sœur aînée :
– Ils ont chanté comme d’habitude, papa !
– On a aussi récité, reprend Ismael : récitation, mon ballon, il est rond, il est…
Le temps de finir, que voici Asmao qui enchaîne, visiblement à l’abordage :
– Papa, on nous demande d’emmener 5 000 GNF à l’école !
– Pourquoi ? s’écrie tout de suite N’famory.
– C’est l’anniversaire de notre monsieur ?
Le monsieur, c’est ainsi que l’instituteur se fait appeler par la classe. Jamais par son nom, en tous cas, pour les élèves.
– C’est quoi ? L’anniversaire de qui ?

Ce dialogue, tous les parents d’élèves guinéens l’ont régulièrement avec leurs enfants. Et ça commence à peser. Rares sont les parents d’élèves qui ne s’offusquent pas de se voir obligés de payer des petits montants entre guillemets, mais qui finissent par constituer une bonne somme.Les pauvres parents d’élèves ne savent plus à quel saint se vouer. De plus, ils sont mécontents de voir les enfants fréquenter l’école que parcimonieusement. L’année scolaire a débuté fin février à cause du virus Ebola et les cours sont souvent interrompus par les manifestations de rue et les grèves.

Aujourd’hui, il faut verser 5 000 francs guinéens pour qu’un bulletin de fin de trimestre soit délivré, sinon pas de résultats pour votre enfant. L’institutrice est marraine d’un mariage, 5 000 francs guinéens également sont sollicités par élève pour soutenir Madame qui doit faire étalage de sa fortune vis-à-vis des griots et griottes. L’épouse de l’instit vient de donner naissance à un beau bébé, allez, pour le baptême, ce sera 2500 par élève et par classe.

Monsieur (l’instit) veut faire de la lessive le dimanche, à ce titre, il réclame à chaque élève, 1 000 francs guinéens, pour acheter du savon. A noter au passage que cette lessive est assurée par des élèves à tour de rôle. L’instit vous fait donc payer le savon qui servira à blanchir ses vêtements et se sert de votre enfant comme ménagère chez lui les week-ends. Pas étonnant de ne pas le voir faire ses révisions le soir, fatigué qu’il est.

Demandes récurrentes, ponctuelles et obligatoires, vous exposez votre enfant à un traitement spécial, si jamais vous refusez de vous conformer. Au départ, on n’y prête pas attention, et petit à petit, cela va crescendo, pour ne plus s’arrêter. Un vrai commerce qui ne dit pas son nom, mais qui voit des parents d’élèves soumis à un vrai racket quotidien sans pouvoir protester. Votre enfant recalé même avec un bon niveau suffit pour vous dissuader de toute action à l’encontre ces instituteurs qui ne font pas honneur au métier.

Mon instit à l’école primaire, c’était après papa, ma star préférée, dans les temps. C’était celui qui me faisait parler français correctement, celui qui d’un coup de baguette magique me faisait apprendre la table de multiplication mémorisée jusqu’à ce jour. Mon instit, c’est celui qui pourrissait mes vacances avec des tas d’exos de grammaire recueillis dans le « Bled », célèbre livre. Mon instit, c’est celui qui m’a fait comprendre que lorsque deux verbes se suivent, le second se met à l’infinitif !

Mon instit, j’en étais fier. Celui de mes enfants, je le méprise et ne vois en lui qu’un escroc qui me soutire de l’argent autant que faire se peut. A quand la marche contre le racket dans les écoles guinéennes ? Je suis partant d’office et prêt à brandir ma pancarte…

Nabé

 


Conakry : capitale de l’incivisme ou de l’incivilité

Décidément, à Conakry tout se joue sur nos routes. Ibrahim revient au pays après un long séjour passé de l’autre coté de la rive. A sa descente de l’avion, il baise le sol, celui de sa chère Guinée natale. Quinze ans, c’est long et vite passé en même temps.

Dans le hall réservé uniquement aux voyageurs, il est surpris de voir son oncle Amidou le héler. Un billet glissé rapidement aux policiers et aux douaniers par son oncle donne accès à ce dernier, comme par enchantement, à cette zone réglementée. Ibrahim est alors conduit à l’extérieur et se voit alors dispenser de formalité douanière, à sa grande surprise.

Piétons traversant l'autoroute - Conakry
Piétons traversant l’autoroute – Conakry

– Pourquoi ne m’a-t-on pas contrôlé, j’aurais pu transporter des choses illégalement ? Interroge-t-il son oncle.

– Ecoutes, petit, ici c’est Conakry, bonne arrivée. Nous ne sommes pas chez les blancs !

A l’occasion du mariage de Ousmane, son aîné. Voici une occasion pour Ibrahim de se vêtir d’un beau boubou bazin bleu pour les cérémonies et de prendre place dans la 4×4 de son oncle Amidou. Quelques mètres plus tard, il s’entend dire : « Allez, on y est ! ». Parquée juste au beau milieu de la chaussée, la voiture est subitement prise d’assaut par les griottes, chantant et comptant des louanges à son endroit. Encore une fois, des billets de banque flambants neufs, surgissent à un rythme effréné.
– C’est là la mairie ?
– Oui, si tu veux, ici la mairie c’est partout, nous avons en fait des mairies mobiles avec des maires mobiles, qui iraient célébrer un mariage en bonne et due forme même en enfer. Il suffit de savoir les motiver

Occupation anarchique du pont piétons par des vendeurs ambulants sur l'autoroute - Conakry
Occupation anarchique du pont piétons par des vendeurs ambulants sur l’autoroute – Conakry

Subitement, sans qu’aucun panneau de signalisation ne l’indique, une interdiction d’accès à la route nationale leur est opposée alors que la veille ce chemin était encore fluide. Un petit groupe de jeunes muni de grosses pierres et des pneus usagés, surgis de nulle part, vinrent déposer des rangées de balises pour barrer l’accès pour cause de festivité de mariage. De la même façon que la veille quand d’autres jeunes firent pareil en occupant le macadam pour une partie de foot. Des tas de cailloux entreposés comme barrière leur servent comme élément d’intimidation pour inviter gentiment à rebrousser chemin, dans le cas contraire, pour les réticents, ils s’en servent pour faire voler en éclats les vitres de ceux qui, par inadvertance, ont le malheur de rouler sur leur ballon en forçant le passage.

Ibrahim semble perdu, comment la rue peut-elle servir d’officine pour un mariage ? Si des personnes responsables, des pères et mères de famille sont capables d’utiliser abusivement une voie publique, pas étonnant de voir des gosses et leurs aînés en faire leur espace de jeu.

Quelques jours plus tard, en compagnie de ses cousins, Moussa et Aminata, Ibrahim se rend au marché Madina pour quelques courses. Sur leur trajet, le long de l’autoroute, la voie principale menant au centre ville, le quartier des affaires, pendant que leur voiture roule à toute pompe dans les limites des 60km/h autorisées sur ce tronçon, ils se voient obliger de slalomer entre des piétons qui traversent inopinément la route malgré des ponts piétons prévus à cet effet. Ibrahim n’en revient pas. Sidéré, son regard ne quitte plus ces gens de tous âges qui glandouillent impunément d’un coté à l’autre sur l’autoroute, alors que juste au dessus de leurs têtes, existe un pont qui, faute de servir, fait office d’un marché embryonnaire. Des étables, avec des produits commerçables exposés à même le sol, la bouffe pour toutes les bourses, des vendeuses de montres, de bracelets, de miroirs, de peignes, enfin tout le bric-à-brac possible.
– J’hallucine, se dit à haute voix, Ibrahim !
– C’est notre quotidien, rassure-toi, lui répond son cousin, le plus sereinement possible. On le vit et on le subit tous les jours dans notre belle capitale.

Ibrahim va de surprise en surprise durant ce petit trajet entre des échanges d’amabilités un peu toniques des usagers de la route peu cordiaux, le code de la route réinventé afin de fluidifier autant que faire se peut la circulation, des jets de cannettes vides de soda ou de bière sur la voie publique, des murs transformés en urinoir, des stationnements tous azimuts, parfois en plein centre de la voie.
A chacune de ces remarques, Ibrahim a naturellement le reflexe de s’offusquer.
– Cousin, on n’est pas à Paris ici, lui balança alors son cousin un tantinet ironique suivi d’un grand rire.

En une seule journée, Ibrahim a pu évaluer le travail qu’il y’a à faire pour ramener les uns et les autres à la bonne conduite morale et civique. L’incivisme qui semble devenir la règle, la preuve, quand on manifeste on n’a aucune idée du message que l’on veut passer. Les pancartes, elles serviront à casser des têtes. On n’oublie que ce que l’on dégrade nous sert en temps normal, les voies publiques, les poteaux électriques. Un vrai travail de reconstruction et d’apprentissage des bons usages doit être mis en pratique dans nos établissements scolaires afin de nous sortir des citoyens respectueux de la cité. Quand un père de famille est capable de descendre de son véhicule pour empoigner un autre père da famille, en présence des enfants, ou de donner une taloche à un agent de la police routière, ou de lui glisser un billet de banque pour se sortir d’une mauvaise passe, où est le bon exemple ?

Une chose est certaine, l’incivilité ou l’incivisme semble la chose la mieux partagée à Conakry.


Guinée : Trois astuces de l’oncle Bafodé pour bien vivre l’instabilité politique

Mes chers enfants, l’heure est grave comme le dénote la situation actuelle, mais pas complètement si vous tendez bien l’oreille à mes subtiles petits conseils. Les déclarations des uns et des autres sont de plus en plus incendiaires, à les écouter, on se croirait en guerre, alors qu’il ne s’agit que d’élections. C’est là que vous verrez tout le sens de mon rôle de vieux sage du quartier.

Traces de violences au rond-point de Bambeto - Guinée (Source KabaBachir)
Traces de violences au rond-point de Bambeto – Guinée (Source KabaBachir)

Pour parler d’élection, il faut forcément prendre en compte la chasse des voix à l’occasion du ou des votes. Nous avons débuté l’année par des restrictions à cause de la terrible épidemie Ebola, qui continue de sévir. On a l’impression d’avoir à faire à une maladie mutante, qui résiste à toutes les tentatives d’éradication. Un jour ça va, le virus perd du terrain, le jour d’après, il revient en force comme par magie. Nous devons donc nous adapter. Apprendre à mourir seul chaque jour, car on ne sait jamais d’où ça peut venir, où ça peut s’attraper, cette satanée maladie.

Bref, chers enfants, il nous faut prendre des résolutions. Nous aurons à subir plusieurs manifestations et des meetings de tout ordre comme nous l’avons souvent connu avec nos politiques. Ces derniers jours, c’était contre l’insécurité que quelques un d’entre eux battaient les pavées. Juste et noble cause, vous me direz, mais le problème est que les marches reflètent le même rituel depuis toujours depuis que c’est devenu un moyen de pression craint par le pouvoir et très apprécié des acteurs politiques. Pendant ces moments, pour nous autres menu fretins, pour aller chercher nos gagne-pains ou aller à l’école pour vous les enfants, nous n’avons tous que le choix d’un même et seul type de transport en commun : le « magbana ». C’est un effort financier que je ne peux plus me permettre cette année, cela, je présume devrait être valable pour la majorité d’entre nous tous. Et pour ne plus continuer de subir les aléas de ces rixes dont on est loin d’être à l’origine ni à l’aboutissement, voilà ce que je propose :

Violences sur l'axe Hamdalaye, Bambeto - Guinée (Source africaguinee.com)
Violences sur l’axe Hamdalaye, Bambeto – Guinée (Source africaguinee.com)

Premièrement :
Je décrète la marche permanente, longue et interminable. Même si les politiciens décident d’arrêter, nous on continuera, car c’est pratique, un jour sur deux, vous aurez droit à cinq cents franc guinéen pour vous acheter au passage un sachet d’eau Coyah (eau minérale locale vendue en sachet et en bouteille). Il faut se comporter en équipe comme je vous le recommande souvent. Le salut est dans l’union et dans un vrai esprit d’équipe. Si vous rentrez à midi, vous mangerez aux alentours de 16h afin de pouvoir tenir jusqu’au lendemain. Les six autres qui rentreront le soir, mangeront eux, à 23h50 précises, et ce pour les mêmes raisons que pour les cinq premiers. Profitons donc de cette marche contre l’insécurité pour en donner aux autres. Abou, je vois que tes biceps ont pris du volume, ils nous serviront à impressionner certains automobilistes imprudents qui voudront traverser notre quartier. Une vitre brisée par ci, des téléphones portables retirés par là, sans oublier les portes monnaies, et la journée est gagnée. Je crois que nous tenons notre plus grande aubaine, cette fois-ci. Gare au premier politicien qui nous demandera d’arrêter, il n’est pas question. De toutes les façons, nous, nous vivons en permanence avec cette insécurité, alors nous tenons l’occasion de la montrer à la face du monde.
S’ils insistent, nous passons à l’autre camp, comme on l’a toujours d’ailleurs fait. Allez y, brûlez, caillassez, pillez, blessez, mais ne tuez pas et surtout ne vous faites pas tuer.

Deuxièmement :
Continuez à être prudents. Votre cousin Moussa, décédé par suite d’Ebola, que nous avons enterré en catimini, tard la nuit, en soudoyant le gardien des lieux, doit servir d’exemple. Nous avons à cette occasion montré notre solidarité et lui avons accordé un départ digne. Il fût lavé et l’imam Alimou, avec qui je bois du Jack Daniels en a fait son fond de commerce. Il s’est spécialisé en prière funèbre pour victimes d’Ebola et vit encore grâce aux potions magiques immunisantes dont il se vante.
L’eau de javel coûte 50.000 francs guinéens le bidon de quatre litres. En acheter un me paraît inapproprié ou insensé, car comme vous le savez, cet argent nous permettrait de manger de la viande au moins une fois par an, en dehors de la fête du mouton et de la générosité de nos voisins.
Si vous tendez la main à quelqu’un, c’est pour recevoir, pas pour donner. Recevoir un petit billet, vaut bien quelques risques que le savon diama (pain de savon local à fort dosage) peut effacer. Continuez aussi à vous tenir au courant des décès, peu importe de quoi aurait succombé la victime, l’essentiel c’est de pouvoir nous rendre au domicile de la famille éplorée et partager leur peine en profitant du couvert des funérailles.

Troisièmement :
Après l’insécurité, viendra l’obscurité. Nous marcherons comme nous savons le faire, c’est notre quotidien. Il suffira de profiter ces jours ci de la diffusion des matchs de la champions league européenne. Sans électricité, impossible de suivre ces matchs, alors nous marcherons à nouveau, casserons, brûlerons, pillerons et caillasserons tous ceux qui par paresse, préfèreront se déplacer en voiture. Puis, quand ils en auront assez, quand ils se seront rencontrés dans leurs salons feutrés, autour d’une bonne bouteille millésimée de vin, ils liront une déclaration dont nous n’aurons rien à foutre. Ils oublient en ce moment là, que nous n’avons pas de courant pour les voir, en plus du fait que nous avions déjà de la peine à renouveler les piles de nos vieilles radios toutes les semaines. Quand il sera question de voter, nous offrirons nos voix au plus offrant comme d’habitude. 2015, jeunes gens, 2015, dis-je, sera notre année !

@mnabe_m


Révolution vestimentaire à Conakry : la folie des collants

Deux jeunes filles en legging faisant du stop au bord d'une route de Conakry
Deux jeunes filles en legging faisant du stop au bord d’une route de Conakry.

La mode dit-on, ou on la suit, ou on la subit. Fini le temps où les jeunes filles n’étaient vêtues que de pagnes, de boubous ou autres vêtements authentiquement africain. La pudeur n’était pas un vain mot, mais une réalité bien ancrée dans nos mœurs. La robe couvrait au minimum les genoux et les épaules étaient rarement découvertes. Ce mode vestimentaire n’est plus d’actualité ou du moins n’est plus suivi que par nos vieilles mamans. Véritable phénomène de mode, le collant, autrement appelé legging, est le vêtement incontournable de ces derniers temps. Fait de matière synthétique, ce pantalon moulant colle à la peau de celle qui le porte à souhait. En fait, il a le don, le collant, d’épouser toute la forme, laissant apparaître des courbes (le gbinh gbinh, entendez le fessier) fort troublantes pour le commun des mortels sinon des sensibles.

Allez, en route maintenant pour mieux comprendre ou pour affronter la réalité du terrain comme on dit. Oumar doit se rendre eu ville pour sa première journée de boulot dans une société privée de la place. Il s’est mis sur son 31 et patiente depuis 6 h 30 du matin au bord de l’autoroute, à l’affût d’un transport en commun pour se rendre en ville. Une demi-heure plus tard, une jeune et belle créature, comme on en trouve à tous les coins de rue de Conakry, arrive et se tient tout près de lui. Ses longues jambes et son fessier sont enveloppés dans un moulant collant orange, assorti d’un petit haut noir et de chaussures noires. Juste au niveau du pont piéton de Madina (un quartier de Conakry situé dans la commune de Dixxin) débute un embouteillage de véhicules comme tous les jours. Dans la file, le conducteur d’une voiture de marque japonaise hèle la jeune fille : 

– Je peux vous déposer en centre-ville ? 

Jeune fille en collant au bord d'une route de Conakry
Jeune fille en collant au bord d’une route de Conakry.

D’un hochement de tête, la fille acquiesce. Au grand dam des klaxons plaintifs des voitures derrière lui, le gentleman de circonstance marque un arrêt en pleine chaussée puis, allongeant le bras pour ouvrir galamment la portière à la jeune demoiselle, il l’invite à prendre place.

Oumar qui avait suivi cette scène tente de rejoindre la voiture à son tour criant : 

– Grand, je vais aussi en ville, je peux…

Bam et vroouum ! La Nissan démarre en trombe avec sa nouvelle passagère assise à son bord, laissant Oumar, profondément outré, sur le macadam. Il a immédiatement le réflexe de jeter un coup d’œil à sa montre : 7 h 30. Cela fait une bonne heure qu’il attend un taxi ou un hypothétique clément conducteur. Ce cas de figure se produit tous les jours sur les voies de Conakry où les jeunes demoiselles en legging, les collantières comme on les surnomme ici, régulent la circulation à leur manière.

Le pouvoir attractif des « collants » :

Il suffit qu’une ou plusieurs collantières sortent en public pour créer le buzz. Sûres de leur charme, dans un collant de couleur vive, elles font de chacun de nous un taximètre, chauffeur de taxi, occasionnel. Où allez-vous ? Rares sont les usagers de la route à bord de leur voiture qui n’ont pas encore posé cette question ? Au centre-ville, durant les heures de pointe, à la sortie de bureau, taxis et automobilistes rivalisent de dextérité ou de promptitude pour embarquer ces alléchantes collantières. Un coup de volant juste-là devant elle pour coiffer la voiture ou le taxi devant vous et le coup est réussi. La collantière vient à vous et monte à bord, le taximètre peut râler, la belle est déjà à bord et on commence déjà à échanger. Qu’elle parte pour très loin, pas de problème, que cela vous dévie de votre trajet, pas de problème, que cela vous coûte des litres de carburant en plus pas de problème. Le fameux collant fascine et fait chavirer plus d’un tous les jours. 

Métallique, fluorescent, de couleur vive, ce pantalon, à tous les coups, ne laisse personne indifférent. Qu’il soit porté de nuit comme de jour, il fait toujours effet et amène plus d’un automobiliste à enfreindre la logique de la conduite. Arrêts et freinages à tout moment, stationnement dangereux voir périlleux, que ne ferait-on pas aujourd’hui à Conakry pour avoir une de ces troublantes collantières près de soi, le temps d’un bout de chemin. 

Jeune fille en collant dans une rue de Conakry
Jeune fille en collant dans une rue de Conakry

Il est habituel de voir que les automobilistes roulant à 60 ou 80 km/h n’ont même plus de mal de rétrograder en première en moins d’une, de freiner sec pour les embarquer. Les collantières ont fini par surplomber les priorités définies par le code de la route, c’est elles qui sont maintenant prioritaires. Probablement, des nouvelles règles de la galanterie sur le sol guinéen, dira-t-on. Pendant ce temps, la collantière, consciente de son pouvoir d’hypnose, se laisse admirer, en traversant nonchalamment la route, loin du passage piéton. Devant ce spectacle, le nombre de fois où les voitures manquent de s’emballer les unes aux autres ne se compte plus, mais en fin de compte, on apprécie le moment, on se comprend entre hommes et on se dit… le veinard pour celui qui arrive à l’embarquer.

Il arrive parfois que les collantières prennent leur temps et sélectionnent la voiture selon le calibre. Petite voiture suivie d’une grosse 4×4, prière continuer votre chemin. Vous aurez beau crier, lui faire de grands signes de la main, rien à faire, elle ne bougera pas. Le championnat est dur, et la concurrence bat son plein. Plus la collantière est une grosse pointure, callipyge à souhait, plus la voiture calibrée a de chance d’être sa préférence. Pareil pour le collant lui-même, le collant haut de gamme et le collant bon marché se livrent bataille jour et nuit, agaçant les puristes et fascinant les connaisseurs. Au chauffeur (conducteur) roulant à vive allure, le patron fait remarquer : 

– Pourquoi tu roules si vite ? 

– Mais patron, vous m’avez dit que vous étiez en retard.
Le con… tout le temps pressé ! Marmonne alors en sourdine le patron, exaspéré d’avoir raté une occasion d’embarquer une énième collantière à bord de sa voiture.

Aujourd’hui, conduire à Conakry est un vrai défi, les bords des routes sont presque des espaces de combat. Ignorer ces collantières semble pratiquement impossible, elles font partie et animent le décor. Qui a eu la géniale idée de créer ce vêtement ? Si la question reste posée, les collantières, elles, sont prêtes à lui dresser des lauriers, les connaisseurs aussi bien sûr !

Gbinh gbinh soh !

@mnabe_m
Lamine Nabé


CAN 2015 : vers un remake de la finale de 1992

Dites moi de quelle finale vous rêvez et je vous dirai qui vous êtes !

Guinée Equatoriale – Ghana :

Pour être honnête, personne n’avait misé sur la présence du pays organisateur en demi-finale.
Réussir à battre et éliminer la Tunisie dans des conditions plus que douteuses jette une sorte de faux-vrais soupçons d’une facilitation programmée. Dommage, car si le pénalty permettant l’égalisation en fin de partie semble assez léger, force est de reconnaître qu’il fallait quand même le mettre, ce pénalty. Et que dire du magistral coup franc de Balboa, sublime ! Il aurait mis pareil en LFP ou en Premier League qu’on n’en finirait pas d’en parler. Sur l’action litigieuse emmenant la supposée faute, Le défenseur tunisien n’avait qu’à faire opposition car son adversaire n’avait aucun angle de tir possible vers les buts. Pour le coup franc, Balboa était en bout de course et Abdenour n’avait pas besoin de faire une faute à cet endroit en ce moment du match. Et que dire du scandaleux comportement des tunisiens en fin de partie, on a cru avoir à faire à des hooligans.

Espérons que pareil comportement soit sévèrement sanctionné.

Ambiance dans un maquis avec des supporteurs ivoiriens.
Ambiance dans un maquis avec des supporteurs ivoiriens.

Quand à cette opposition, parti comme il est, le N’zala national peut sur un coup de dé provoquer une autre onde de choc en éliminant les black stars sur un détail comme d’habitude. Le Ghana ne doit pas victimiser et doit plutôt miser sur sa discipline tactique et son expérience à cet niveau de la compétition, cinquième demi-finale d’affilée. Il lui faudra suivre rigoureusement son plan de jeu comme ce fût le cas face au syli de Guinée, dépassé par l’engagement physique du Ghana, pourtant réputé pour son jeu plutôt technique. On a senti la patte de l’ancien coach de Chelsea qu’a été Avram Grant. Au charbon sur Ibrahima Traoré et Kevin Constant à chaque possession de balle des deux leaders techniques du Syli, les Black Stars ont pu ainsi neutraliser toutes les velléités offensives des guinéens. Résultat effarant, aucun tir cadré, et seulement deux ballons sur lesquels le gardien ghanéen a eu à intervenir. C’était mission impossible face à pareille machine de guerre et en face Dussuyer n’avait aucune réponse tactique. Echec et mat ! Il faudra réviser les leçons tactiques et apprendre à répondre ponctuellement dans la vie d’un match qui dure environ cent minutes.

RDC Congo – Côte d’ivoire :

Comme un air de revanche, après le 3-4 lors des phases éliminatoires à Abidjan, où Kidiaba avait gratifié le public ivoirien incrédule, de sa fameuse dance des fesses dans l’enceinte du stade Félix Houphouët Boigny, les éléphants de côte d’ivoire doivent monter encore en puissance pour s’imposer à cette surprenante équipe de l’ex Zaïre. Insouciante, pas venue pour gagner, les léopards restent tout de même de redoutables chasseurs, et nul doute que les éléphants auront fort à faire.

Après donc la formidable victoire face aux fennecs d’Algérie, victoire qui ne souffre d’aucune contestation possible, les éléphants un peu vite enterrés, se retrouvent tout d’un coup favoris.

On sait tous que ce statut leur a trop souvent joué un sale tour, qu’on en est presque désolé.

Mais que faire, avec un renard de coach comme Hervé, les éléphants ne peuvent plus avancer masqués. Si la côte d’ivoire se trouve là aujourd’hui , c’est surtout grâce au coaching de son formidable sélectionneur. Au premier match, la Côte d’ivoire est sur le point de perdre face à la Guinée après l’expulsion de Gervinho. Il rentre Doumbia, qui égalise. Pareil face au Mali, il rentre Gradel qui lui aussi égalise. Contre la Cameroun, il le titularise, et bingo, encore un but de Max.

Et que dire de sa gestion pendant tout le long du match, au taquet, il vit et semble être le douzième homme qui pousse les uns et les autres à donner le meilleur. A la blessure de Tioté face au Mali, il donne les clés du milieu à Serey Dié et cela a donné ce qu’on a vu en quart face à l’Algérie le vainqueur supposé. Quoi qu’il en soit, espérons que son talent, surtout après avoir défié et battu l’un des supposés meilleurs coachs français en activité, le Guy Roux de Lorient, le philosophe du foot moderne, Hervé a montré à la face du monde du foot, qu’il reste une valeur sûre.

Si la Côte d’ivoire la remportait, il serait bien de la dédier en premier ou aussi au grand homme qu’à été Didier Drogba, qui a tant voulu offrir cet trophée à sa chère Cote d’ivoire.

Cote d’ivoire-Ghana ? Congo- Guinée Equatoriale ? …

Boule de cristal…


CAN 2015 : Le Syli de Guinée, les pestiférés d’ebola sur la voie de la victoire

Et si les pestiférés, comme le Syli de Guinée avait été souvent traité lors des qualifications, y arrivaient ! Qualifiés dans des conditions difficiles en jouant tous ses matchs à l’extérieur, le Syli ( éléphant), l’équipe nationale de Guinée est entrain d’écrire une des belles pages de cette édition de 2015.

Supporteurs du Syli en liesse dans les rues de Conakry
Supporteurs du Syli en liesse dans les rues de Conakry

Mardi 20 janvier, la Guinée entre dans la compétition face à l’éternel favori de toutes les éditions, les éléphants de Côte d’ivoire. On craint le pire, mais au déroulement du match et surtout après 45 minutes de jeu, la crainte est plutôt du côté d’Abidjan. Le Syli de Guinée fait son match et c’est logiquement qu’il mène à la marque jusque dans les derniers instants du match. Les éléphants, sur un coaching gagnant de leur renard d’entraineur, réussissent à revenir au score, ragaillardis après l’expulsion de leur star Gervinho, coupable d’un mauvais geste.

Conduit  par un Ibrahima Traore tout feu tout flamme, qui sera élu homme du match, le Syli inquiète plus d’une fois la défense ivoirienne presque aux abois. A la fin de la rencontre, les éléphants de Côte d’ivoire sauvent ce qui peut l’être, le match nul, en y ayant perdu leurs défenses. Avantage psychologique pour les Guinéens, qui ont montré sur cette rencontre, qu’ils comptaient bien passer plus de temps que prévu chez leurs homologues de Guinée Equatoriale.

Samedi 24 janvier, bis repetita, face aux lions « abordable »s et timorés, les Syli va barrir encore une fois en premier. Les lions sont donc obligés de courir après l’éléphant de Guinée qui montre ses défenses et ne se laisse pas faire. La bataille fait rage et l’herbe verte est marquée par chaque passage d’un camp à l’autre. Les lions rugissent et par la force des choses, finissent par revenir à la marque. A la 91ème minute, l’arbitre ne voit pas ce qui pourtant était si évident, un pénalty. Fair-play, le Syli ne s’en plaindra pas, marquant un peu plus son territoire dans cette Coupe d’Afrique des Nations, comme pour dire qu’il faudra compter avec lui.

Supporteurs du Syli en liesse dans les rues de Conakry
Supporteurs du Syli en liesse dans les rues de Conakry

Après une bataille fraternelle entre pachydermes, après avoir fait reculer le lion, le Syli doit cette fois affronter le plus grand prédateur volant, le puissant rapace, les Aigles du Mali, plus affûtés que jamais, dégageant sérénité et maturité tactique, contredisant la médisance maladroite de l’obscure joueur de l’équipe de France qu’a été Willy Sagnol.

La veille du match, un jour de jeûn et de prière est observé au Mali, c’est sérieux, une place en quart est en jeu. Bataille peu probable, le Syli va s’imposer naturellement au sol, et sur un penalty, une panenka, Constant, l’inconstant, donne l’avantage au score aux Guinéens. Plus athlétiques, les Aigles vont, au retour des vestiaires, assiéger le camp adverse et obtenir l’égalisation sur un coup de tête de Modibo Maiga, volant dans les airs comme un aigle et rabattant le ballon au fond de la cage du courageux Yattara alias Japonais à la suite d’un magnifique centre. Auparavant, l’inusable Seydou Keita manque un penalty et plonge tout un pays entier dans le doute. Match nul et ce que l’on redoutait arriva, il fallait s’en remettre au sort et, ce, le lendemain. Nuit blanche, attente interminable, stress, prières, sollicitations des forces occultes, tout y passe. La Guinée aussi au détriment du Mali.

Aléa jacta es, le sort avait été jeté et l’explosion de joie qui a suivi l’annonce va se poursuivre jusqu’au lendemain matin. « EEEEE….bola, t’as pas dit tu as peur…..éééé ….bolaaaa » ce refrain, parodie du tube « bela »de OS DETROIA est repris en cœur par une foule en liesse, en totale symbiose, à la suite d’une qualification somme toute méritée. 6ème meilleure équipe du continent, la Guinée confirme sa constante progression et, nul doute qu’avec cette CAN, elle se rapproche de plus en plus du sacre final.

Jeunes supporteurs du Syli dans les rues du quartier Belle-vue à Conakry
Jeunes supporteurs du Syli dans les rues du quartier Belle-vue à Conakry

Place aux quarts de final ou le Syli, dimanche 1er février fera face aux galactiques étoiles noires du Ghana, conduits par un capitaine courage en la personne du bien nommé, André Ayew, le fils de son père, Abedi. Après les aigles, le Syli doit attraper des étoiles là haut, fidèles à leur statut et toujours au rendez vous. Ce ne sera pas facile et d’ailleurs ça ne l’a jamais été au cours de cette édition, les Guinéens le savent, ils devraient se surpasser. Gérer au mieux les secondes mi-temps, là se trouve le clé pour ce Syli 2015, brillant en première mi-temps, sur le réculoir en seconde, et poussif vers la fin, avec pour seul accélérateur, son Messi(e), Ibrahima Traoré. Ce dernier qui a le malheur de ne pas évoluer dans un club phare en Allemagne, comme le Bayern ou Dortmund ou même Schalke 04, autrement, la planète du foot en parlerait comme une grande star. Aura-t-il les épaules larges et solides pour continuer à porter son pays ?A Conakry, on l’espère. Portés par cette frustration, du fait d’avoir été durement frappé par le virus Ebola, le Syli national symbolise le courage du peuple de Guinée, qui tant bien que mal, continue de lutter avec ses armes contre ce malheur qui a fait et fait toujours des victimes.

Comme donc poussé par une force invisible, le Syli, boosté par Ebola, veut vaincre et ramener cette coupe au pays même si dans la célébration, on oublie les mesures restrictives de non contact, relatives au virus.

Partis avec une délégation réduite au stricte minimum, pointés du doigt comme étant des ambassadeurs du virus Ebola, la Guinée dans cette CAN marche droit avec fierté et bravoure, comme elle est dans son combat contre le virus. Pestiférés, indésirables, en tous les cas, ce Syli là a une âme et une motivation particulière qui font qu’elle pourrait y arriver, créant la surprise certes, mais honorant ou justifiant son rang de 6ème meilleure sélection du continent. Si une équipe en dehors du big four africain devait remporter cette CAN, il serait logique que ce soit la Guinée ou le Congo kinshasa. En attendant le soir du dimanche 1er février, « gbinh gbinh soh ! » ( cri d’encouragement des supporters du syli de Guinée)

Lamine Nabé